Une visite à l'appartement Merci

Le pied-à-terre Merci, une histoire de hasard

On ne présente plus Merci, le fabuleux concept-store parisien fondé par Bernard et Marie-France Cohen il y a tout juste 10 ans. En quelques mois seulement, le 111 Boulevard Beaumarchais est devenu une adresse incontournable pour tous les amoureux de décoration et de beaux objets, et sa renommée dépasse désormais largement nos frontières. Je m'y rends régulièrement car la sélection est toujours intéressante et hors des sentiers battus, sans parler des expositions - aussi surprenantes que variées - qui se tiennent chaque mois sous la grande verrière. C'est bien simple, il se passe toujours quelque chose chez Merci !

La fameuse Fiat 500 continue d'accueillir chaque jour les visiteurs dans la cour du 111 Boulevard Beaumarchais !

Pour fêter ses 10 ans, Merci s'est offert un cadeau de choix : un superbe appartement situé à deux pas de la boutique, décoré par Daniel Rozensztroch, directeur artistique de Merci, et son équipe. Après une première collaboration avec My Little Paris, à l'occasion de laquelle les stylistes de Merci avaient imaginé le décor d'une ancienne maison Montmartroise, l'envie de renouveler l'expérience était bel et bien présente. Le hasard a bien fait les choses en leur ouvrant les portes de cet appartement haussmannien, petit bijou de style Napoléon III situé dans l'une des cours attenantes à la boutique. Bien que dégradé à certains endroits, il n'avait quasiment pas été modifié depuis sa construction en 1870. L'occasion était trop belle et le terrain de jeu exceptionnel : le challenge en valait la peine !

L'appartement Merci, un lieu aux multiples facettes

Me voici donc dans ce fameux appartement en compagnie de Daniel Rozensztroch, qui assure lui-même les visites. Directeur artistique depuis les débuts du concept-store Merci, il a su insuffler une personnalité à la marque, une identité qui lui est propre et reconnaissable entre mille. J'avais adoré son appartement parisien, mélange de style industriel, cabinet de curiosité avec un soupçon d'esprit Napoléon III. Pour le Pied-a-terre Merci, l'idée était de restaurer ce qui pouvait l'être sans dénaturer les lieux, tout en sublimant les éléments trop abîmés.

Un petit sas faisant office d'entrée accueille le visiteur et ouvre directement sur la salle à manger (photo 1). De l'autre côté, un couloir (photos 2 et 3) précède le salon (Photos : Merci Paris). Dans la salle à manger, suspension "Kute" en acier tressé main de Mark Eden Schooley, table Lloyd by Christoph Seyferth, chaise Bold par Moustache et chaise Moormann. Les autres chaises ont été chinées.

Dès les premiers pas dans le pied-à-terre Merci, je suis frappée par l'incroyable état de conservation des éléments architecturaux : panneaux en bois, moulures, fresques... rien n'a bougé depuis plus de 100 ans, ce qui reste assez exceptionnel pour ce type d'appartement. Daniel Rozensztroch me précise tout de même que certains éléments ont été restaurés, voir entièrement refaits : pour cela, il a dû faire appel à des artisans de talent qui ont su recréer les éléments d'époque sans que l'on note la différence à l'oeil nu. Ainsi, certaines fresques de la salle à manger ont été entièrement repeintes, les vitraux rénovés, le tout avec une précision extraordinaire.

Les stylistes du concept-store ont bien évidemment refait faire les peintures, après avoir analysé les précédents revêtements : première surprise, seules 5 couches de peinture ont été appliquées entre les années 1870 et aujourd'hui ! Pour la rénovation, les stylistes ont opté pour un très beau vert dans le couloir, issu de la collection Ressource ("Olive Colour" SC302 et "Evening Haze" F28). Les sols ont également été revus et corrigés, et là... seconde surprise ! Pour limiter les coûts de rénovation et apporter une touche d'originalité, c'est la technique du Kintsugi qui a été choisie par Daniel Rozensztroch et son équipe pour redonner un second souffle au parquet vieillissant (anciennement recouvert de moquette). Dans la chambre, les parties abîmées ont été recouvertes de fines plaques métalliques cloutées sur le parquet : l'effet patchwork est tout simplement incroyable !

A gauche, le parquet du salon sublimé par la poudre d'or mélangée à de la pâte à bois. A droite, les feuilles de métal viennent "réparer" le sol à la manière des patchs en tissu (Photos : Madame décore)

Dans le salon, deux anciennes cheminées majestueuses, des moulures au plafond et quelques pièces de mobilier soigneusement sélectionnées. Daniel Rozensztroch m'explique qu'à l'époque, l'appartement comportait deux salons (un pour les hommes, l'autre pour les dames). Je suis particulièrement attirée par le rocking chair réparé avec des éléments en laiton : une pièce unique en son genre ! Dans cet appartement, beaucoup de choses ont une histoire et celle de cette chaise à bascule sort totalement des sentiers battus. Trouvée dans une brocante dans la banlieue de Tokyo dans un état assez délabré, elle a tout de même été embarquée dans le container destiné à la boutique Merci. Nouveau voyage pour Pays-Bas cette fois, afin d'être restaurée par des designers hollandais de Untitled Projects à Eindhoven, toujours dans cet esprit wabi-sabi. Le résultat est fou, vous ne trouvez pas ?

 Le rocking-chair japonais revu et corrigé par des designers hollandais. Derrière, une sellette de sculpteur ancienne (Photo : Merci Paris)

Me voici à présent dans le salon à la décoration brute, mixant les éléments Napoléoniens, japonais, design... En bref, un savant mélange comme Daniel Rozensztroch sait si bien les composer. Le canapé vient de chez Merci, et vous aurez sans doute reconnu la fameuse suspension Brass de Gervasoni ou encore le fauteuil rétro (Marco Zanuso) qui me rappelle le design des assises Zanotta. La patine des moulures et des portes a été réalisée par une artiste peintre, qui s'est également occupé des fresques de la salle à manger. (Photos : Merci Paris). 

Suite de la visite de l'appartement Merci : la chambre parentale

Nous poursuivons la visite de l'appartement Merci par la chambre (qui se tient dans l'ancien salon des dames). Ici encore, la pièce arbore un mélange de styles, de matières et d'époques ! 

De nombreuses pièces ont bien évidemment été chinées, cependant vous pouvez retrouver plusieurs des éléments du Pied-a-terre à la boutique Merci. Pour ma part, j'ai craqué sur le miroir, mais également sur les pots en papier recyclé signés Serax, la suspension "Koushi" de Mark Eden Schooley qui n'est pas sans rappeler celles de la marque Ay Illuminate, la liseuse Original BTC et surtout, cette adorable lampe en céramique "Single Template" du designer hollandais Piet Hein Eek. En guise de tête de lit, un ancien dressing des années 50 entièrement électrifié, signé Robert Guillerme et Jacques Chambron : une double-fonction ultra bien pensée ! La sculpture en grillage posée au-dessus est de Benedetta Mori Ubaldini et le portrait à l'huile de Vincent Ruffin (School Gallery). 

Gros coup de coeur pour la chambre du Pied-à-terre Merci et son style éclectique ! (Photos 1, 5 et 6 : Merci; Photos 2, 3, 4 : Madame décore)

Fin de la visite de l'appartement Merci : cuisine, salle de bain et chambre d'enfant

Dans la salle de bain, une baignoire-îlot, des carreaux de Zellige Emerie & Cie, un sol en béton ciré et de nombreux accessoires de style industriel que j'ai trouvé particulièrement bien choisis. La pièce a été agrandie et les vitraux restaurés : ils donnent sur la cour intérieur de l'immeuble et apportent un cachet fou à la pièce ! La vasque est signée Patricia Urquiola et la robinetterie Hudson Reed. J'en profite pour vous parler de Nkuku, que j'ai découvert en faisant des recherches sur les accessoires de cette salle de bain. La marque propose de très jolies pièces pour la maison (et pas chères !), je vous conseille vivement d'aller jeter un oeil à leur catalogue. 

La salle de bain du pied-à-terre Merci, et les WC qui se trouvent tout près, dans le couloir (Photo 1 et 2 : Merci ; Photo 3 : Madame décore)

Nous poursuivons avec la cuisine, qui m'a enthousiasmé par ses couleurs et le sol - des anciennes tomettes complétées par du béton. J'aime beaucoup le mix des revêtements, dont je vous ai déjà parlé sur le blog, et celui-ci est tout particulièrement réussi ! En guise de crédence on retrouve à nouveau le zellige noir Emerie & Cie, superbe écrin pour le piano de cuisson (mon rêve !), encadré par un mur aux couleurs signées Ressource (teinte OW19). J'ai également eu le coup de coeur pour la verrière qui cache astucieusement la hotte : elle s'intègre particulièrement bien à l'ambiance industrielle de la cuisine vous ne trouvez pas ?

La vaisselle est signée Serax, le réfrigérateur Smeg, la table et les chaises ont été chinées. La vaisselle noire m'a fait de l'oeil, tout comme les verres marocains sur lesquels je lorgne depuis un bon moment...

L'art du détail... Le piano de cuisson est sublimé par une suspension d'ustensiles en inox, les étagères sont ouvertes pour mettre en valeur la vaisselle émaillée (Photos : Merci Paris)

La visite de l'appartement Merci se termine par une chambre d'enfant... cachée en contrebas derrière l'un des panneaux de bois de la salle à manger ! Il s'agissait auparavant de la chambre parentale, plutôt petite pour nous qui sommes habitués à bien plus d'espace aujourd'hui. C'est une véritable surprise de la découvrir car elle est particulièrement bien cachée. Daniel Rozensztroch a choisi de transformer la pièce en chambre d'enfant car son format et sa configuration s'y prêtent plutôt bien.

Pour ceux qui, comme moi, se posent la question, l'appartement Merci est destiné à des événements spéciaux, mais servira également de pied-à-terre pour les invités VIP du concept-store. Il n'est donc pas destiné, comme je le pensais au départ, à être loué aux particuliers... Une raison de plus pour vous inscrire aux visites, gratuites et ouvertes à tous (inscription sur le site du concept-store Merci) ! J'espère que celle-ci vous aura plu, car de mon côté j'ai pris beaucoup de plaisir à la partager avec vous :)

Photos 1 et 2 : Merci Paris / Photo 3 : Madame décore