Le Bazar d'Alger twiste la vaisselle de grand-mère
Recycler la vaisselle de grand-mère, tout l'art du Bazar d'Alger
Découvrir de nouveaux univers artistiques, admirer le savoir-faire et le travail fait-main... Voilà sans doute l'une des facettes de mon métier qui me tient le plus à coeur. Je prends un immense plaisir à échanger avec les créateurs et à observer les différentes étapes des processus artistiques... Un privilège dont je ne me lasse pas ! Ma dernière découverte m'a on-ne-peut-plus enthousiasmée car elle mélange plusieurs univers dont je me sens proche : vaisselle ancienne, peinture, recyclage... Je vous présente donc aujourd'hui le joli bazar d'Arnold d'Alger, graphiste et peintre. Son terrain de jeu ? La porcelaine, la faïence et la soie, qu'il sublime avec un imaginaire débridé. Le créateur parisien m'a reçu dans son bel appartement qui fait également office d'atelier et de show-room : un tea-time que je ne suis pas prête d'oublier.
Mais commençons par le commencement, à savoir la genèse du projet. Après plusieurs années à exercer le métier de graphiste, l'envie de créer sa propre structure s'est fait ressentir. Ainsi est né le Bazar d'Alger, un atelier dédié à la peinture sur porcelaine, faïence et soie. Arnold a imaginé un concept mixant art et recyclage en détournant et en twistant de la vaisselle ancienne : assiettes, pots, vases, soupières et théières retrouvent ainsi un second souffle sous ses mains expertes. Les pièces, en majorité blanches, sont choisies en fonction de leur forme puis décorées à la main avec de l'or ou du platine avant d'être cuites dans un four adapté. On peut ainsi composer son service d'assiettes dépareillées, mais aussi craquer pour une pièce unique (mug, vase, ancien moule à gants...). Arnold d'Alger réalise également des travaux sur commande en twistant vos propres objets, meubles ou revêtements muraux.
Côté textile, le créateur parisien a choisi la soie pour exprimer ses envies de couleurs et d'exotisme. Ses dessins, reconnaissables entre mille, s'étendent sur de longs pans de tissus artistiquement suspendus. Tels des tableaux, les créations textiles d'Arnold d'Alger nous ouvrent une fenêtre sur le monde dont on ne se lasse pas...
Rencontre avec Arnold, créateur du Bazar d'Alger
Comme je vous le disais précédemment, j'ai eu la chance de rencontrer Arnold d'Alger chez lui, dans son appartement show-room. L'occasion pour moi d'en apprendre un peu plus sur la création de son atelier, de ses goûts artistiques et de sa passion pour le vintage. J'ai pris beaucoup de plaisir à flâner parmi les objets rapportés de ses voyages et de ses vide-greniers... Un appartement à son image, éclectique, harmonieux et vitaminé ! Mais trève de bla-bla, je vous laisse en compagnie du créateur parisien.
- Si vous deviez faire votre auto-portrait, comment vous présenteriez-vous ?
Un coup barbu, un coup moustachu, jamais glabre, toujours un peu bordélique. Le rire devant, le travail en suivant, une petite tendance à l'excès mais tout en restant charmant, des idées en pagaille, une envie de partage, une curiosité certaine, toujours en admiration devant la beauté que nous offre la moindre nature, une fascination pour la diversité de ce que l'art peut offrir, toujours partant pour de nouvelles rencontres, un petit côté collectionneur d'œuvres ou d'objets, définitivement amoureux de la table et du temps que j'y passe avec les gens que j'aime.
- Comment est né le Bazar d'Alger ?
Je suis graphiste et illustrateur de formation, et voilà presque dix ans que je passe mes journées face à un écran. Alors comme beaucoup de gens à notre époque j’ai l’impression, j’ai ressenti le besoin de revenir au toucher et à la matière. Je me suis donc inscrit à deux cours de Paris Ateliers : la peinture sur soie et le décor sur porcelaine. J’ai tout de suite aimé travailler ces matériaux.
Un jour voyant que je m’étais mis à pratiquer le décor sur porcelaine, une amie de ma mère qui m’a connu enfant m’a offert un four à céramique que je suis allé chercher dans le Luberon depuis Paris et qui finalement ne rentrait pas dans mon appartement de l’époque. Ce contre-temps me poussera finalement à déménager dans le lieu qui accueille aujourd’hui l’atelier du Bazar d’alger. J’ai donc fondé le Bazar d’alger (d’alger qui est donc mon nom de famille je précise, car la question revient souvent) pour y faire vivre mes nouvelles créations. Je tiens de ma mère le goût des choses anciennes. Le sens de l’accueil et des dîners sans fin sont également des traits caractéristiques de ma famille qui ont forgé ma personnalité. C’est donc naturellement que j’ai eu envie de travailler sur ces vaisselles délaissées pour leur redonner une place de choix à table.
- Quels sont les artistes, les styles ou les courants artistiques qui vous attirent le plus ?
Côtés classiques j'ai toujours aimé les dessins sur fond carton de Lautrec, les découpages de Matisse, je pourrai rester des heures devant les nymphéas de Monet, je suis tombé amoureux des portraits d'Alice Neel tout comme des dessins d'Hockney. Plus jeunes et moins célèbres je pourrais vous inviter à découvrir le figuratisme engagé de Nina Chanel, celui de Cleon Peterson, ou alors les scènes détaillées de Martinet & Texereau, les illustrations qui font sourire de George(s), les linogravures ésotériques de Sophy Hollington, les fusains ultra-réalistes de Nicolas Pegon, les couleurs et le trait possédés de l'artiste Aline Zalko, les plantes de Brian de Graft, les portraits hypnotiques de Sarah Ball, l'absurde hilarant de Joan Cornella, et j'en passe.
Je suis également attiré par l'antiquité à travers le monde, le développement des savoir faire, les évolutions des esthétiques selon l'usage de l'outil et des matériaux. Je vais m'arrêter là pour le pictural. L'artisanat me fascine, tout comme le travail de la terre, du verre, des étoffes, le motif, la tapisserie, et l'embellissement. J'ai toujours aimé le travail des bijoux, les différentes représentation de la monnaie aussi, je ne sais pas pourquoi. Enfin, la mode est un domaine qui m'attire énormément sans pour autant la pratiquer... je trouve que c'est un medium incroyable ! Entendons nous bien, mes inspirations dépassent l'image, c'est au niveau de tous les sens que ma créativité trouve ses sources.
- Pour terminer, un petit portrait chinois. Si vous étiez...
... Une odeur : une odeur de "bouffe" quand on rentre à la maison
... Un lieu : chez le fleuriste
... Une époque de l'histoire : la belle
... Un bruit : celui du feu de bois
... Une matière : le papier
... un végétal : le petit pois
Le Bazar d'Alger, 11 rue du Faubourg Saint-Martin 75010 Paris
Sur rendez-vous - arnold.dalger@gmail.com
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