La fabuleuse histoire des luminaires Serge Mouille
Qui est Serge Mouille ?
Nous avons la chance de compter de nombreux créateurs français parmi les grands noms du design. Qu'il s'agisse de luminaires, accessoires du quotidien ou mobilier, les designers hexagonaux ont largement brillé dans l'histoire de la création ! Parmi eux, Serge Mouille s'est distingué par ses luminaires ultra graphiques. Si ses créations sont aujourd'hui célèbres dans le monde entier, l'homme reste quant à lui bien plus mystérieux.
Revenons 100 ans en arrière, en 1922 plus précisément. Serge Mouille nait à Paris cette année-là et développe très tôt un talent pour le dessin. Ses modèles, il les trouve au Jardin des Plantes où il passe des heures à dessiner plantes et animaux. Sur les conseils de son professeur de dessin, il s’inscrit au concours d’entrée des Arts Appliqués où il est reçu à l'âge de 13 ans, plus jeune élève de son temps ! Son mentor Gabriel Lacroix fera de lui un maitre dans l’art de modeler le métal au marteau. Il entre chez Hénin Orfèvre Paris où il ne tarde pas à s’imposer au milieu d’ouvriers chevronnés, tous plus âgés que lui.
Après la guerre, Serge Mouille se met à son compte et travaille pour diverses Maisons d'Orfèvrerie. C’est un artisan reconnu par tous. Il travaille en parallèle comme enseignant à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Appliqués et métiers d'Art, après avoir succédé à Gabriel Lacroix à la tête de l'atelier d'orfèvrerie. Il dédiera en partie sa vie au métier d'enseignant mais également à celui de chercheur. Car il ne faut pas l'oublier, Serge Mouille c'est aussi et surtout 44 ans de recherches, de dessins et de monogravures ! C’est sa rencontre avec Jacques Adnet, directeur de la Compagnie des Arts Français, en 1951 qui marquera un tournant dans sa vie. En effet, celui-ci lui demande de concevoir un ‘’grand luminaire’’ pour sa clientèle Sud-Américaine. Serge se met au travail et créé le Lampadaire trois bras, passant progressivement du statut de maitre-artisan à celui d’artiste créateur en développant la désormais célèbre série des Formes Noires. Le lampadaire trois bras et le lampadaire droit en seront les premiers modèles. La Galerie Steph Simon, qui présente des modèles exclusifs de Jean Prouvé et Charlotte Perriand, des céramiques de Georges Jouve et Norbert Pierlot, va faire rayonner les luminaires de Serge Mouille à travers le monde.
De haut en bas et de gauche à droite : Plafonnier P3B / Applique araignée 7 bras / Lampadaire 3 bras pivotants / Lampe de table Antony / Applique 4 bras pivotants / Plafonnier Petit Escargot
Pendant 10 ans, le créateur mène de front sa carrière d’enseignant et celle de concepteur de luminaires. Il décide alors de se démarquer radicalement de tout ce qu’il a fait jusque-là en créant la série des colonnes lumineuses utilisant le tube fluorescent, nouveau à l’époque. Les deux séries sont si différentes que l’on peut penser qu’elles ont été créées par des artistes différents. C’est l’incompréhension et un succès mitigé. Serge Mouille décide d'arrêter sa production de luminaires en 1963 pour se consacrer entièrement à l'enseignement. Il décède en Décembre 1988.
De la conception à la réalisation : La fabuleuse histoire des luminaires Serge Mouille
Il est intéressant de se pencher sur la manière dont certaines femmes ont inspiré les créateurs en mode, en design et en architecture. En regardant les réflecteurs des luminaires Serge Mouille, on voit une forme sensuelle tout en courbes. Entre 1952 et 1963 le designer se dédie à ses luminaires pour en créer pas moins de 50 modèles. Il est désormais temps de se pencher sur ces formes évocatrices et très techniques qui sont devenues de véritables icônes. La légende veut que Serge Mouille se soit inspiré du sein féminin pour dessiner ses réflecteurs. Cependant, ces formes, tout en rondeur regorgeant de sensualité, viennent aussi de la fascination du designer pour la nature.
Les réflecteurs des luminaires signés Serge Mouille : un hommage au sein féminin ?
Cet attrait se retrouve dans les noms que Serge Mouille donne à ses réflecteurs : Moule, Coquille, Conque, Oeil. Une attirance pour la nature qui remonte à l'enfance où le jeune Serge Mouille passait des heures à dessiner dans le jardin des plantes. La nature nourrit alors son imaginaire et ses inspirations. En créant ces réflecteurs, Serge Mouille avait une volonté : s'écarter de l'esthétique italienne qui, à l'époque, était en vogue. Pour créer ses réflecteurs, le designer essaie plusieurs combinaisons de tournage, découpe et déformation manuelle contrôlée qui produit des formes uniques. Pour lui, la matière est décisive, la forme découle de cette dernière et ne peut s'imaginer sur un bout de papier. Marteau à la main, le sculpteur modèle la feuille d'aluminium jusqu'à obtenir la forme souhaitée. Après plusieurs essais; cette forme évocatrice voit le jour et il la nomme ''tétine''. La même technique artisanale est toujours appliquée aujourd'hui par les Editions Serge Mouille dont l'atelier se trouve à Château-Thierry.
Comment sont fabriqués les luminaires Serge Mouille ?
Créée en 1999 par Gin Mouille, veuve du designer et par Claude Delpiroux, les Editions Serge Mouille s'attachent aujourd'hui à rester fidèle à l'esprit du designer. L'idée ? Poursuivre la fabrication de ces oeuvres d'art dans le respect des créations initiales. Le tout en conservant un esprit artisanal authentique. Le travail de Serge Mouille est un héritage précieux qui permet de faire valoir un savoir-faire unique. C'est dans l'atelier éponyme, situé à Château-Thierry, que la magie prend forme. 16 personnes, femmes et hommes, tous passionnés, s'emploient à transmettre l'esprit Mouille. Un travail artisanal qui se répartit en 3 ateliers principaux : l'atelier métal, l'atelier peinture et l'atelier de montage. Ensemble, ces profils rares, qui pour certains sont des anciens élèves du maître, assurent le respect de l'oeuvre originale. Grâce à eux, ces luminaires continuent de rayonner à l'international. Chacun d'entre eux est minutieusement numéroté et accompagné d'un certificat d'authenticité,
Depuis leur création, il y a 70 ans, ces lampes attisent un engouement planétaire. Les Éditions Serge Mouille exportent 6 lampes sur 10 en-dehors du territoire français, avec les États-Unis comme premier marché. Une fascination pour ces lampes aux formes sensuelles qui ne cesse - à juste titre - de grandir au fil des décennies !
Photos : Editions Serge Mouille
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